La tech au secours des salariés – Atelier ARSEG du 8 mars 2018

Le 8 mars se tenait un atelier organisé par l’Arseg (Association des Directeurs et Responsables de l’Environnement de Travail ) et Jobbers, atelier Intitulé : l’entreprise Libérée, quand les outils technologiques modernes viennent au secours des salariés.

Cet atelier donnait la parole à Marc Levi (associé du cabinet 2L ), un psychanalyste, psychothérapeute spécialiste de la prévention des risques psychosociaux (RPS) ; Marie-Caroline Ducasse (ConvictionsRH), Senior Manager, consultante en RH & coach et deux startuppers : Patrice Merrien (Timyo), Jean Benedetti (Jobbers) ainsi qu’une dizaine d’entreprises.

Point de vue du psy : « enfin on met des mots sur les maux »

Jusqu’au milieu des années 2000, difficile de discerner la souffrance des employés du tertiaire. Il faut attendre les vagues de suicides de 2008 et que les portes des entreprises s’ouvrent enfin aux neurosciences pour que l’activité professionnelle puisse être identifiée comme une cause de souffrance et que son antonyme, la qualité de vie au travail apparaisse. La loi El Khomri fixe un cadre à la QVT et la prévention des risques psychosociaux. Elle pose aussi sur la table le sujet de la « pollution numérique » définissant un droit nouveau : celui de la déconnexion.

Point de vue de l’experte en accompagnement des managers : « Tout retombe toujours sur le manager ! »

On demande  décidément beaucoup aux managers : d’être participatifs et directifs, de grandir au moins aussi vite que leurs équipes et bien sûr de travailler et de faire travailler plus et souvent avec moins. Le déséquilibre est permanent : à force de montées de version et de changements d’outils numériques à répétition certains managers basculent dans le sentiment d’exclusion et d’obsolescence. Le phénomène de « saturation numérique » que Marie-Caroline n’hésite pas à qualifier de « harcèlement des flux » peut in fine aboutir à des problèmes psy nettement plus graves.

Selon le cabinet ConvictionsRH, la contrepartie positive c’est que les techs numériques tirent vers le haut l’intérêt du travail : moins de répétition, plus de responsabilisation, moins de cloisonnement, plus d’autonomie…

La clef pour reprendre l’avantage sur le numérique est à la croisée des chemins entre le coaching individuel et la neuroscience : « Oui, dit Marc Lévi, il est possible en 60 à 90 jours de reprogrammer un cerveau rétif au numérique« .

Point de vue des deux startuppers : « Il faut reconquérir le droit à la concentration ! »

  • Le courriel représente 25% du travail des cadres (source Timyo)
  • Un salarié français passe 50 minutes sur son temps de travail à gérer sa vie perso (source Jobbers)
  • Il reste donc 4h à 5h de travail productif dans la journée…

Ces occupations parasites n’engendrent d’ailleurs aucun plaisir particulier mais plutôt en général du stress et de la culpabilité.

Limiter la déconcentration et le stress liés aux mails (200 à 300 par jour selon un rapide sondage auprès des entreprises participants à l’atelier) c’est la mission que s’est fixée Timyo.

Cette solution qui s’intègre dans pratiquement tous les éditeurs de mail d’entreprise met des gardes-fous : l’émetteur du mail doit décider du délai imparti pour la réponse et de l’urgence de celle-ci. Le récepteur peut de lui-même modifier ce délai s’il l’estime infondé. On obtient ainsi un classement des courriels, non plus selon leur ordre d’arrivée, mais selon la date de réponse exigée…et ça change tout !

Briser les inégalités devant la charge mentale, c’est le défi de la conciergerie digitale : s’il est souvent aisé, pour un cadre supérieur, de se libérer quelques dizaines de minutes au cours de sa journée professionnelle pour faire une course ou passer un appel, il n’en est pas de même pour un téléconseiller posté derrière écran de 9h à 17h téléphone portable sur OFF. Tous les salariés ne bénéficient pas de cette liberté. Ces tâches empiètent alors d’autant plus sur le temps consacré à la vie privée qu’elles se font aux heures d’affluence. « Briser les inégalités des actifs devant la charge mentale est le devoir des DRH » souligne Jean Benedetti.

En conclusion de ces échanges, les participants ont évoqué les points suivants :

  • Les techs focalisées sur le bien-être arrivent en force (90 startups recensées par Jobbers en mars 2018)
  • Les progrès des neurosciences permettent d’embarquer tous les collaborateurs dans la transformation numérique
  • Nous sommes en route vers un nouveau pacte entre le salarié et les outils numériques qui deviendront moins subis et plus personnalisés aux besoins de chacun